Les témoins de la bataille - les cimetières

Plusieurs cimetières anglais témoignent de cette bataille. Contrairement aux cimetières français et allemands, où l'on a regroupé de nombreux soldats tombés dans les environs, les Britanniques ont créé une multitude de petits cimetières, très proches des lieux où leurs soldats se sont fait tuer. Ils ont fait l'effort de doter chaque tombe d'une stèle, sur laquelle sont inscrits les nom, unité et date de décès de chaque soldat. On peut ainsi suivre les évènements. Sur le territoire de Feuchy, c'est le “Houdain Lane Cemetery” au sud qui compte de nombreuses tombes de soldats tués les 9, 10 et 11 avril. Il en va de même au “Feuchy Chapel British Cemetery” sur la route de Monchy, et plus loin, au “Orange Trench Cemetery”.

 

Monchy le Preux

Les Allemands ont laissé leurs réserves trop éloignées des lignes, ils pensaient que les troupes sur place seraient assez fortes et que les bombardements d'artillerie dureraient encore assez longtemps. Mais le Kronprinz Rupprecht von Bayern, le général allemand en face, ne perd pas son calme et rétablit un front autour des hauteurs et des villages, dont Monchy-le-Preux. La bataille fait rage autour de la chapelle de Feuchy, un site que les Allemands avaient fortifié. Le 11 avril, ce lieu est pris et la 37th division anglaise lance l'attaque contre Monchy. Il fait au dessous de 0° et une tempête de neige. Un avion de chasse allemand abat cinq avions d’observation britanniques. Trois chars avancent dans le village, où ils sèment la confusion, jusqu'à ce que les Allemands comprennent qu'ils sont seuls. Péniblement, ces derniers parviennent à mettre deux des tanks hors de combat, après quoi l'artillerie anglaise déclenche un tir de barrage, pulvérisant le village, les chars et les troupes allemandes. Le village est alors pris par les Anglais. Le 12, ils atteignent Wancourt. Le 15 avril, les Britanniques ont fait 14 000 prisonniers, et ont perdu 20 000 hommes. Mais les Allemands ripostent et contre-attaquent. Dans la nuit du 20 avril, quelques 2 000 obus de gaz sont tirés pour enrayer le dispositif allié. Les Britanniques reprennent l'offensive le 23 avril, sans grand succès cependant.

Memorial à Monchy-le-Preux

En visitant l'autre cimetière de Feuchy, le “Feuchy British Cemetery” proche de la salle des fêtes, on s'aperçoit que le nombre de soldats d'artillerie parmi les morts est très élevé, surtout autour des 25/26 avril. Cela indique que Feuchy pourrait avoir servi de base d'artillerie anglaise durant ces journées. Pour un des artilleurs, gunner John Lupson Purdy, le registre note “died of wounds (gas)” le 26 mai 1917. On trouve aussi un mort des suites d'un combat aérien le 30 avril. Le 4 Juin à Feuchy, le lieutenant Thomas Maufe, âgé 19 ans, du 124e bataillon d’artillerie de siège répare une ligne téléphonique sous le feu de l’artillerie ennemie. Il éteint aussi un feu dans un dépôt de munition qui contient des obus de gaz. Il sera décoré de la Victoria Cross pour cet acte de bravoure. L’information sur le cimetière indique également que la croix - une réplique de celle de la cathédrale de York - serait placée à l’endroit du Q.G. de la 12e division en 1917.

 

La fin de la guerre

Le 15 mai, les Britanniques tiennent une ligne incluant Gavrelle, Roeux, Monchy-le-Preux, Guemappe et Wancourt. La deuxième phase de l'offensive a coûté 130 000 pertes à chaque côté. La bataille d'Arras, par son nombre de victimes quotidiennes, sera la bataille la plus meurtrière pour l'armée britannique. Simultanément, l'offensive française contre le chemin des Dames se solde par un échec sanglant, et le front russe est pulvérisé par les armées allemande et austro-hongroise, la révolution anéantit la volonté russe de combattre. En même temps, les États-Unis entrent en guerre. Pour l'instant, leur armée est petite, mais elle commence à s'agrandir. Les armées française et anglaise ne tenteront plus de grande offensive sans le support américain, qui atteindra deux millions d'hommes sur le territoire français en 1918. Afin de parvenir à une victoire décisive à l'Ouest avant l'entrée en guerre des Américains, les Allemands ramènent le gros de leurs troupes de l'Est au front Ouest. Entretemps, ils se sont rompus aux tactiques modernes. En mars 1918, l'offensive allemande “Michael” démarre, elle va rompre le front, séparer l'armée française au sud de l'armée britannique au nord et même menacer Paris. L'angle de cette offensive est en Artois: Gavrelle et Athies restent aux mains des Anglais, Roeux est occupé, Fampoux, partiellement le 28 mars 1918 et Feuchy, complètement. Les Allemands utilisent beaucoup d'obus à gaz. La guerre est redevenue une guerre de mouvement. Mais les Allemands n'ont plus les réserves voulues pour prendre avantage de leur avancée: leurs généraux se désolent de voir leurs troupes passer leur temps à profiter de leur butin en nourriture au lieu de poursuivre leur attaque! L'arrivée massive des Américains va donner l'avantage numérique aux alliés et les amener à l'Armistice. Le 8 août, la contre-offensive alliée est initiée. Des troupes canadiennes attaquent en août 1918, libérant Feuchy. Une autre “bataille de la Scarpe” se déroule le 26 août. Au cours de cette bataille, le Canadien Robert Gowdy est blessé par le gaz près de Feuchy. Les derniers morts se trouvent sur “Orange Hill Cemetery”, à l'est du village.