1914

 

Le 30 septembre, le général Maud'huy prend le commandement des forces autour d'Arras. La 70e division d'Infanterie, la division B et le 10e corps d'armée forment la Xe armée. La division B prend position à l'est entre Saint-Laurent-Blangy et Neuville-Vitasse. Aux ordres du général Barbot, elle se compose de chasseurs et de régiments alpins, des montagnards de la région de Briançon et de Chambéry. Le 1er octobre à midi, la division est mise en alerte pour prendre poste sur le plateau de Monchy-le-Preux. Elle s'engage à Monchy contre les troupes du 4e corps prussien et le 1er corps bavarois. Le lendemain matin, elle occupe la totalité de Monchy. Un bombardement intense et une attaque d'infanterie l'oblige à se replier sur la chapelle de Feuchy. À la chapelle et au moulin de Feuchy, des travaux de défense sont exécutés la nuit par les hommes du 159e RI sous l'ordre du lieutenant-colonel Mordacq. Le 3 octobre, l'artillerie allemande tire et annonce une attaque d'infanterie. Un aviateur français observe l'avance allemande vers le plateau de Feuchy, qui est repoussée par l'artillerie française et les Alpins. Néanmoins, les troupes françaises sont contraintes de se replier à l'est car les allemands avancent au nord et sud du plateau de Feuchy. La division B compte encore 3 000 soldats, de 12 000 au départ. Le 5 octobre, le général Barbot donne personnellement l'ordre de repli. Dans la brume, le régiment se replie entre 1 h et 4 h du matin et prend position entre la Scarpe et la route de Cambrai. Ce sera le dernier recul, on ne veut plus céder un seul pouce de terrain. Les Allemands s'installent à Saint-Laurent le long de la voie ferrée, les Français à Blangy. Les deux côtés commencent à creuser des tranchées. La guerre de mouvements est terminée. Séparées dans les tranchés de quelques mètres seulement, les troupes se livrent des combats mortels. St. Laurent-Blangy est coupé en deux. Tilloy, Feuchy, Athies et Bailleul-Sire-Berthoult sont occupés par les Allemands, Blangy, Saint Nicolas et Roclincourt aux mains des Français. Les tranchées parallèles s'étalent en direction nord-sud, des boyaux de communication les relient. Côté allemand, Bailleul-Sire-Berthoult, Gavrelle, Fampoux et Roeux sont des villages de repos. Les troupes se relaient : trois jours dans les tranchées de combat, trois jours dans les tranchées de réserve et deux jours de repos. La journée, les soldats ne se montrent guère afin de n' être pas pris pour cible. La nuit, ils creusent ou achèvent les tranchées, posent des fils barbelés, transportent des sacs de terre, fortifient leurs positions. Pour atteindre leurs postes de repos, ils passent par des boyaux de communication jusqu'à ce qu'ils soient hors de vue de l'ennemi. L'artillerie ennemie touche aussi les villages de repos, avec une intensité moindre toutefois que les endroits plus proches.

 

Feuchy et Athies

A Feuchy, certains habitants ont fuis. Les hommes sont mobilisés. Entre les deux curés de Feuchy s'entame une discussion: Rester ou s'en aller? Le cure de Feuchy, l'abbé Joseph Wargniez, reste. Le curé d'Athies s'en va. La cavalerie allemande s'installe dans les granges. Il n'y a plus de boulanger et plus de boucher a Feuchy. Le curé est parmi ceux qui remplacent l'un et l'autre.

Il y a peu d’information sur Feuchy pendant les premières années de la guerre. Mention est faite de neuf victimes civiles, dont trois de la famille Briet. Si l'on compare avec les trois victimes civiles qu'a causé la deuxième guerre mondiale, sans qu’il y ait pourtant eu de batailles similaires dans la région, c'est à cause des évacuations: il ne fallait pas déranger les troupes allemandes derrière leurs lignes.

En avril 1915, la population restante de Feuchy est évacué, p.ex. vers la Belgique.

Contrairement à Feuchy, Athies est mentionné dans les textes disponibles: “Athies est en ruines depuis longtemps. Des artilleurs et des pionniers campent dans les caves écroulées”. Étant donné que Feuchy et Athies se trouvaient à égale distance du front, on peut imaginer que la situation était similaire à Feuchy. Trop proche pour servir de village de repos, l'endroit servait probablement à cacher l'artillerie, afin qu'elle ne soit découverte ni par l'aviation, ni par les observateurs qui scrutaient pour découvrir d'où venaient les obus et ainsi détruire les positions avec du contre-feu. Avant les attaques, on tirait large pour détruire les positions camouflées, et de faux canons déguisés en troncs d'arbres étaient érigés pour tromper l'ennemi.

 

Noël à Arras et sur le bord du Rhin?

De multiples attaques sont lancées des deux côtés dans la région; les Allemands prévoient de fêter Noël à Arras, les Français sur le bord du Rhin. Le front en soi ne bouge guère. Pour l'histoire, d'autres batailles firent rage en décembre 1914 sur initiative française, et en janvier 1915 en présence de l'empereur allemand - venu avec les croix de fer à remettre sur la place du Beffroi d'Arras, puis en mai et septembre 1915 encore sur initiative française. En janvier 1916, St. Laurent héberge la “maison internationale”, chaque bout étant tenu par une partie qui essaie d'occuper l'autre. Très menacés, les Français déclenchent finalement une mine dans la maison, qui déclenche à son tour une mine allemande, d'où une explosion qui tue Français et Allemands et détruit la maison complètement. Un seul récit sur ces batailles, qui vaut pour les deux côtés: “Après une courte préparation d'artillerie, les (troupes) se lancent à l'assaut des tranchées .. Le général .. est présent à la tranchée de départ quand les tambours et les clairons donnent le signal de l'attaque. Les (troupes) .. sont fort impressionnées par l'efficacité des mitrailleuses .. Encouragés toutefois par leurs officiers et sous-officiers, plusieurs groupes continuent leur action et réussissent à atteindre les tranchées ennemies. Après un corps à corps sanglant .. les hommes .. doivent refluer sous la pression meurtrière des mitrailleuses.” On ne rapporte pas le pourcentage de morts et de blessés, mais on peut imaginer qu'il y eut beaucoup d'occasions de se faire “fort impressionner” malgré les “encouragements” des supérieurs, sans qu'aucun avantage militaire ne puisse être obtenu.