Epilogue

Plus que 80 ans après, le paysage autour de Feuchy est revenu à l'état paisible dont il jouissait avant cette guerre. Son incapacité à établir une paix solide a ensuite entraîné l'Europe dans la deuxième guerre mondiale. En conclusion de son livre sur la première guerre mondiale, l'historien anglais John Keegan écrit: “Mais la première guerre mondiale est un mystère. Ses origines sont un mystère, il en va de même pour sa poursuite. Pourquoi un continent puissant et prospère, intellectuellement et culturellement au sommet, choisit-il de mettre en péril tous ses acquits pour se lancer dans un conflit vicieux et local? Pourquoi, lorsque tout espoir de parvenir à une conclusion rapide et décisive du conflit fut définitivement écarté après quelques mois de conflit, les combattants ont-ils malgré tout décidé de persister dans leur effort militaire, de mobiliser pour la guerre totale et d'envoyer la totalité de leurs jeunes hommes à un abattoir mutuel et déraisonnable? Peut-être à cause des principes; mais le principe de la sacro-sainteté des traités internationaux qui entraîna la Grande Bretagne dans cette guerre ne valait guère le prix payé en son nom. La défense de son territoire national était un principe pour lequel la France se battit au prix d'un dommage presque insupportable pour le bien-être national. La défense du principe des assurances mutuelles de sécurité qui justifia les déclarations de guerre allemande et russe, assurée à un point tel que la sécurité perdit tout son sens dans la dissolution des structures d'état. Le simple intérêt d'état, sous l'impulsion de l'Autriche, la plus vieille raison pour entrer en guerre, se révéla sans aucun intérêt après la chute des piliers de l'empire des Habsbourg.”

 

Des monuments aux morts sont érigés aux centres des villages, en mémoire des 1.7 millions de Français qui périrent, 35 % de jeunes hommes entre 19 et 22 ans, 32 d’entre eux originaires de Feuchy. En outre, deux millions d'Allemands, 1.5 millions d'Austro-Hongrois, 1.7 millions de Russes, un million de Britanniques, des Italiens, Turcs, Bulgares et autres. Plus de 600 cimetières anglais parsèment le territoire français, dont celui de Feuchy en dernière mémoire de la guerre. De petits parcs avec une superbe pelouse soignée depuis plus de 80 ans à l'anglaise. Sur les stèles, pour les soldats non identifiés, est écrit la phrase propose par l'écrivain Keepling:

 

“A Soldier of the Great War

Known unto god”.