Marie et le mouton noir

Alors que l'ange Gabriel venait de partir, Marie resta un long moment à réfléchir. L'ange lui avait demandé si elle voulait devenir la mère de l'enfant Jésus et elle avait dit OUI.  Elle s'en réjouissait mais avait tellement à apprendre et à préparer.  Elle devrait savoir prendre soin d'un bébé, coudre des couches et tisser une couverture.  Elle pria Joseph de lui fabriquer un métier à tisser.

Marie sortit voir les moutons.  Elle s'adressa au berger "Tes moutons me donneront-ils un peu de leur laine?" "Demande leur toi-même" répondit le berger. 

Marie alla de mouton en mouton, et sollicita de chacun un peu de laine. "Prends prends" bêlèrent-ils.  Et Marie récolta de nombreuses touffes de laine blanche dans son tablier.  Elle vit alors un mouton noir tout au bout de la prairie.  Il était complètement seul, aucun des moutons blancs n'aurait souffert de brouter le moindre brin d'herbe en sa présence.  Marie lui demanda s'il lui donnerait un peu de sa laine.  "Prends prends" bêla le mouton noir "Prends en une bonne poignée, autant que tu veux".

Les moutons blancs se pressèrent les uns contre les autres.  Ils bêlèrent d'une seule voix "Bêh bêh.  Ne prends rien de ce mouton noir!  Il n'est pas des nôtres!  Sa laine n'est pas assortie. Une seule petite touffe noire souillera la pureté de notre belle laine blanche qui deviendra grise!"

Marie dit "Le mouton noir n'est pas des vôtres?  Il n'en est pas moins un mouton.  Aussi vais-je prendre sa laine pour tisser ma couverture."  Elle rentra chez elle, tira de l'eau du puits et lava la laine, d'abord la blanche, puis la noire.  Ensuite, elle se mit au rouet pour filer la laine en trois couleurs: blanc, noir et gris.  Le métier à tisser étant prêt, Marie tissa la couverture pour l'enfant Jésus.  Elle était blanche comme neige, avec une étoile grise au milieu et des bordures noires.  C'était une superbe couverture.

Marie se rendit à la prairie pour montrer la couverture aux moutons.  "Oooh" bêlèrent les moutons blancs.  Le mouton noir en resta muet de contentement.  "Très très joli" bêlèrent les moutons.  "Merci" dit Marie et s'en alla.  Parvenue au sommet de la colline, elle se retourna une dernière fois pour faire signe aux moutons.  Ils paissaient tous ensemble, le mouton noir parmi les moutons blancs.

de: Lene Mayer-Skumanz, Geschichten und Gedichte für die Weihnachtszeit