15
Saint du jour: Charles, Christiane, Antonia
Mot du jour Le seul homme raisonnable est mon tailleur. Il prend mes mesures à chaque fois qu' il me voit. Les autres utilisent mes vieilles mesures et pensent qu'elles conviennent encore.
George Bernard Shaw

 

Pourquoi pas un mélèze de Noël ?

"Automne, que nous as-tu apporté?" demandaient les arbres. "Apporté?" grognait l'automne. "Les autres nous ont fait de superbes cadeaux! Le printemps nous a donné de magnifiques robes vertes!" "Et il nous a couverts de fleurs blanches!" criaient les poirier, cerisier et prunier. "Et moi de fleurs roses!" ajoutait le pommier. "Et moi de milliers de rouges!" renchérissait le marronnier. "Et l'été nous a donné des fruits!" s'écriaient les arbres. "Il m'a couvert de petites boules bleues!" disait le prunier. "Et moi de jolies billes rouges!" ajoutait le cerisier. "Il nous a donné de gros fruits juteux et sucrés!" renchérissaient le poirier et le pommier. "Et moi, je me couvre d'élégantes pommes de pin!" disait le mélèze.

Les arbres continuaient de chanter les louanges du printemps et de l'été. "Mais toi, automne,"  disaient-ils "tu nous prends les fruits! Et que nous donnes-tu en échange?" "Je n'ai rien apporté. Je ne peux rien vous donner." grognait l' automne. "Soyez contents d'avoir encore vos habits verts!" "Ah, nos habits verts, depuis le temps qu'on les porte!"

Les arbres restèrent calmes, jusqu'à ce qu'une voix se fit entendre: "Ne pourrais-tu pas au moins égayer nos vêtements? Je me verrais bien tout d'or vêtu." Tous dévisagèrent le bouleau qui avait parlé. C'est alors que la foule se déchaîna: "Automne, tu dois nous donner des couleurs! Je voudrais une robe rouge!" cria le cerisier. "Et moi, une brune!" dit le chêne. "Moi une violette!" ajouta le sapin. "Et pour moi une robe ocre!" renchérit le mélèze. "Moi une arc-en-ciel!" osa l'érable. L'automne secoua la tête. "Je vous ferais bien ce plaisir" dit-il  "Mais qu'en pensera l'hiver lorsqu'il viendra? Il tempêtera! Je le connais: Il aime l'uni, il déteste les mélanges de couleurs. Non, cela ne peut pas être!"

"Oh, c'est juste que tu ne veux pas!" se lamentèrent les arbres "L' hiver ne s'opposera pas à quelques robes multicolores!" "Nous pourrions lui demander" décida l'automne. Et il ordonna au vent de vite aller trouver l'hiver. C'était un long chemin jusqu'à l'hiver. Le vent courut à travers les rues des villages et des villes, rasa les champs, s'engouffra dans les vallées, par dessus les montagnes. Il revint à bout de souffle. L' hiver est hors de lui, annonça-t-il. Il menace tous les arbres de sévères représailles s'il les trouve chacun vêtu d'une couleur différente.

Les arbres se consultèrent à voix basse. Ils firent à l'automne la proposition suivante:  "Donne de jolies couleurs à nos feuilles et aiguilles!  Nous te promettons de nous en débarrasser avant que l' hiver n'arrive, ainsi n'aura-t-il aucune raison de se fâcher. Le printemps nous apportera de nouveaux vêtements plus tard". "Mmm" grommela l' automne, "alors vous serez tous chauves quand l' hiver viendra. Sera-t-il d'accord? J'ai des doutes. Vent, cours lui demander". Le vent soupira car il devait faire ce long chemin encore une fois. C'est maugréant et geignant qu'il se rendit jusque chez l' hiver.

L' hiver déclara: "S' il importe tant aux arbres d'être vêtus de couleurs, c'est d'accord!  Mais certains d'entre eux devront rester verts.  Je refuse de ne voir que des branches nues à Noël!  Vent, écoute bien ceci : l' automne peut donner des couleurs aux feuilles des arbres qui le souhaitent mais ils devront les jeter avant mon arrivée et ceux dotés d'aiguilles resteront verts.  Malheur à toi si tu ne transmets pas mes ordres correctement!"

Le vent, que l'automne avait déjà tellement épuisé, voulait pouvoir se reposer durant l' hiver. Il se fit donc un devoir de délivrer son message aux porteurs d'aiguilles. 

Le vent était convaincu d'avoir bien fait sa commission. Mais lorsque l' hiver apparut, les traits de son visage s'obscurcirent. Il hurla: "Eh bien, quels étaient donc mes ordres?" en montrant un mélèze aux branches dénudées. Éparpillées sous lui, gisaient ses aiguilles jaunies qu'il avait jetées, tout comme les feuillus leurs feuilles.  Le vent avait bel et bien oublié le mélèze.

Si le vent ne s'était pas autrefois trompé,  nous aurions pu aller nous chercher un petit mélèze que nous aurions mis dans notre salon pour Noël, au lieu d'un sapin. Ne soyons pas trop durs avec le vent car il est bien assez puni. Écoutez donc dehors la chasse que lui donne l'hiver!

von Josef Guggenmos

 

Anniversaires: Gustave Eiffel
quatre de nos amis - deux de nos ancêtres