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Fête: Charles, Edmond, Florence, Nathalie, Eloi
Règle: S'il fait froid à St. Eloi, ça durera quatre mois.
Fête national du Roumanie et d'Afrique Centrale

 

Des forces du cœur

Extrait des mémoires et histoires du poète autrichien Karl Heinrich Waggerl

Avent, dit-on, est le temps le plus tranquille de l'année. Mais dans mon enfance, ce n'était pas le cas.

Début décembre, dans les journées noires où St Nicolas passait avec le père Fouettard, on m'envoyait en forêt pour chercher le sapin. Équipé d'une hache et d'une scie et emmitouflé jusqu'au cou, je me lançais, un sou béni en poche pour ne pas m'égarer. J'imaginais l'arbre parfait, haut et fort, avec beaucoup de branches pour y accrocher force bougies et cadeaux. Je passais des heures à chercher, mais un arbre en forêt a une noblesse qu'il n'a pas dans un salon. Lorsque j'arrivais finalement à la maison avec mon butin, l'arbre fier et droit n'était plus qu'une pauvre créature maigrichonne que mon père considérait d'un mauvais œil. Il lui fallait oeuvrer de toute sa dextérité pour redresser le tronc, avant de le présenter à la mère.

Ma mère! Durant ces semaines, elle courait dans tous les sens, le feu aux joues, comme chargée d'explosifs, et il y avait des gifles dans l'air. Mais elle sentait si bon, toute imprégnée des délicieux arômes de l'avent. Il régnait une odeur de cire, de braises incandescentes, d'épices et de pommes chaudes. Non pas que j'aie quoi que ce soit contre la lavande ou l'eau de rose mais la vanille ne sent-elle pas bien meilleur, ou la cannelle et les amandes?

Ensuite, j'étais de corvée de pétrissage. Quatre Notre-père pour le beurre, trois pour les oeufs, tout un rosaire pour le sucre et la farine. Ma mère avait l'habitude de mesurer ses recettes en prières qu'il fallait réciter à haute voix; il n'y avait ainsi aucun moyen de tremper les doigts dans la pâte.  Si seulement j'avais été grand!  Je me jurais que le jour viendrait où j'engloutirai tout un pot de pâte à moi tout seul en obligeant la cuisinière à me regarder!  Ceci ne s'est cependant jamais réalisé.

Le soir, après le dîner, on confectionnait les décorations du sapin. Une autre affaire délicate. À l'époque, on pouvait acheter pour quelques sous des petites feuilles de vrai or chez l'épicier du coin. Il fallait ensuite plonger des noix dans un bain d'eau collante et souffler une fine couche d'or autour. L'astuce était de ne pas respirer. Nous étions tous assis autour de la table, bleuis par manque d'air lorsque, malgré tous nos efforts, quelqu'un finissait inévitablement par éternuer. Au même instant, une pluie d'éclairs traversait la pièce. Peu importait le coupable, la gifle était pour moi, source d'une seconde pluie d'éclairs. On me reléguait dans ma chambre où je devais emballer les pains d'épice, qui n'étaient pas comptés, fort heureusement.

Qu'en est-il de nous aujourd'hui ?

Ne vivons-nous pas un perpétuel avent ?  N'avons-nous pas tendance à voir tout en noir ? N'aspirons-nous pas tous à une certaine joie de vivre ?  Nous attendons anxieusement la venue de l'ange et son message de paix mais  oublions facilement que cette parole ne s'adresse qu'à ceux de bonne volonté. Il n'y a ni aide ni refuge dans la sagesse des sages ou le pouvoir des puissants. Car le Seigneur n'est pas venu sur terre pour rendre les hommes sages mais pour qu'ils deviennent meilleurs.  Ainsi, seules les forces du cœur peuvent peut-être encore nous sauver.

 

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